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Le toucher léger a-t-il les mêmes effets que les toucher ostéopathiques (type fascia, cranio-sacré etc…) ?

Photos de Joseph Kallel ostéopathe pratiquant l'ostéopathie d'ostéopathie

Certaines techniques ostéopathiques telle que les approches tissulaire, craniennes, biodynamique… Ressemble en apparence à une simple apposition des mains. Cela peut etre intriguant pour certains patient qui ont l’impression que l’ostéopathe ne fait rien, et la question est légitime ! Alors, les techniques ostéopathiques dites tissulaire ont-elles un effet propre supérieur à une simple apposition des mains sans intention thérapeutique ?

Nb : Le modèle explicatif sous jacent n’est pas évalué ici : les modèles ont fait émerger des approches et des façon particulière de toucher. Le but est de savoir si cet ajout « technique » apporte une plus-value ou si simplement poser ses mains sans démarche supplémentaire occasionne les mêmes effets. Pas de savoir si les modèles explicatifs sont viable : un praticien peut très bien pratiquer le crânien avec le modèle de Sutherland sans que les effets qu’il occasionnent soit dû à la validité de ce modèle.

Plusieurs essais cliniques randomisés ont tenté de comparer des traitements ostéopathiques véritables à des traitements factices (ou sham), souvent mis en œuvre sous la forme d’un toucher léger simulant une séance sans appliquer les techniques correctives. Mais souvent cette comparaison à un toucher léger se fait en face d’approche plus visibles comme des manipulation articulaires, des étirements, des appuis profonds prononcées.

Les résultats de ces recherches sont complexes : certaines études suggèrent une amélioration de l’état des patients traités ostéopathiquement par rapport aux témoins tandis que d’autres non. C’est tout le principe de la recherche, lorsqu’un étude échoue à montrer une significativité, on cherche à savoir si c’est dû à l’absence d’effet ou si c’est dû à une erreur méthodologique ou autres limites.

Dans cet article, nous allons nous focaliser en détail sur les recherches évaluant l’effet de traitements ostéopathiques semblables à une apposition des mains en le comparant à celui d’un toucher léger sans intention supplémentaire.

La question de l’aveuglement et du sham

Comparer l’ostéopathie à un placebo manuel pose des défis méthodologiques de taille. Dans un essai médicamenteux, il est relativement aisé de concevoir un placebo indistinguable du vrai traitement (pilule sucre vs pilule active) et d’aveugler aussi bien le patient que le thérapeute. En thérapie manuelle, c’est beaucoup plus compliqué : le thérapeute sait forcément s’il applique une technique réelle ou un pas, et le double aveugle est donc impossible. Mais l’on peut aveugler tout le reste (patients, analystes, autres personnes impliquées dans l’essai).

On peut donc choisir de maintenir un sham qui dépend du thérapeute (apposition des mains), ou de comparer les prises en charge avec d’autres approches efficaces. Chacune de ces méthodes a des avantages et des biais potentiels et pour répondre à la question d’aujourd’hui il nous faut la comparer à un sham.

Un bon sham doit être crédible, le patient doit penser qu’il reçoit un “vrai” traitement tout en étant inerte.

Or, le simple fait de poser les mains sur un patient, même sans appliquer de technique ostéopathique spécifique, n’est pas inerte. Le toucher en lui-même déclenche des réponses neurophysiologiques. Ainsi, dans plusieurs études, le groupe « placebo » manifestait également une amélioration clinique notable, rendant la différence avec le groupe traité plus difficile à détecter.

L’absence de différence significative peut donc refléter un effet placebo suffisant pour soulager la condition évaluée ou une absence d’effet pour la condition spécifique étudiée.

Il est possible de recueillir le ressenti despatients quant au traitement reçu (« pensez-vous avoir eu le vrai traitement ou le placebo ? »). Si trop de patients devinent leur groupe, cela suggère que l’aveuglement n’a pas bien fonctionné.

De plus, il y a bien évidemment des conditions pour lesquels un light touch et une approche ostéopathique, aussi bien menée soit elle, n’aura pas d’effet : tout n’est pas traitable. Mais en évaluant divers motifs, on peut dessiner une tendance pour mieux comprendre les cas, si il y en a, dans lesquels cela est judicieux.

Problématique et hypothèse

Face à ces considérations, la problématique de la plupart des études est la suivante : les techniques ostéopathiques procurent-elles un bénéfice additionnel, au-delà de l’effet du toucher et du contexte thérapeutique ? L’hypothèse est que oui, on s’attend à ce que le groupe recevant l’ostéopathie « véritable » présente, en moyenne, une modification plus forte de la douleur et/ou du critère d’évaluation de l’étude que le groupe témoin recevant un toucher léger.

Sélection des études

Afin d’analyser l’effet des techniques ostéopathiques comparées au toucher léger, il convient de se concentrer sur des critères spécifiques. Celles retenues sont donc celles comparant un traitement manipulatif ostéopathique de type tissulaire, crânienne, fluidique, etc., à une intervention témoin qualifiée de placebo ou sham consistant en une simple apposition des mains.

De plus, les études ne comparant pas explicitement le toucher léger aux techniques ostéopathique sélectionnées sont exclues. Les études comparant différents types de techniques ostéo à un light touch sans différencier spécifiquement les effets techniques concerné par notre analyse seront exclues également.

L’analyse étant non systématique, la portée des conclusions est limité, le but ici est d’ouvrir une réflexion à travers toutes les études que j’ai pu trouver sur le sujet.

 

Analyse des études incluses

Le titre complet et le doi est fourni à chaque fois pour faciliter vos propres recherches si vous le souhaitez.

  1. Cardoso-de-Mello-E-Mello-Ribeiro AP, Rodríguez-Blanco C, Riquelme-Agulló I,Heredia-Rizo AM, Ricard F, Oliva-Pascual-Vaca Á. Effects of the fourth ventricle compression in the regulation of the autonomic nervous system: a randomized control trial. Evid Based Complement Alternat Med. (2015) 2015:148285:1–6. doi: 10.1155/2015/148285

L’étude compare un toucher léger (light touch) et la technique CV4 sur des données biologiques obtenues par prise de sang 5minutes après les interventions. Aucune différence n’a été observée entre les deux groupes.

Conclusion: L’étude n’est pas en faveur de l’hypothèse pour un potentiel impact sur les données biologique évaluées sur le court terme.

 

  1. Arienti C, Farinola F, Ratti S, Daccò S, Fasulo L. Variations of HRV and skin conductance reveal the influence of CV4 and rib raising techniques on autonomic balance: a randomized controlled clinical trial. J Bodyw Mov Ther. (2020) 24:395–401.doi: 10.1016/j.jbmt.2020.07.002

Cette étude compare un groupe CV4, un groupe rib raising et un groupe apposition des mains (light touch). Différence significative entre intra groupe (avant après au sein du même groupe) pour les 2 groupes traité : la correction de bonferroni rend non significatif l’évolution intra groupe du light touch.

Toutefois en comparant entre les groupes la différence est significative uniquement entre entre le CV4 et light touch.

Le rib raising n’entre pas dans les critères d’inclusions donc les résultats de ce groupe ne nous interessent pas pour la question ici.

Conclusion: En faveur de l’hypothèse du jour pour un potentiel impact sur la variabilité LH/HF.

 

  1. Ruffini N, D’alessandro G, Mariani PA, Cardinali L, Cerritelli F. Variations of high frequency parameter of heart rate variability following osteopathic manipulativetreatment in healthy subjects compared to control group and sham therapy: randomizedcontrolled trial. Front Neurosci. (2015) 9:272. doi: 10.3389/fnins.2015.0027

L’étude porte sur des techniques de balancement ligamentaire, d’équilibration membranaire et cranio-sacrée, comparées à une simple apposition des mains. Toutes les personnes impliquées étaient aveuglées sur les tâches qui ne dépendaient pas d’elles. Prise en compte des co facteurs, comme l’environnement de la pièce, le cycle circadien, le fait de fumer ou non.

Conclusion: Les résultats sont statistiquement significatifs en faveur de l’OMT sur le SNA, notamment le LH/HF et le HRV, soutenant l’hypothèse.

 

  1. Abenavoli A, Badi F, Barbieri M, Bianchi M, Biglione G, Dealessi C, et al. Cranial osteopathic treatment and stress-related effects on autonomic nervous system measured by salivary markers: a pilot study. J Bodyw Mov Ther. (2020) 24:215–21. doi:10.1016/j.jbmt.2020.07.017

Cette étude compare CV4, sham CV4 et un groupe contrôle. Une grande variabilité des résultats dans le groupe cv4 et dans une moindre mesure dans le groupe sham (qu’on observe sur la figure 4) montre une absence de différence significative entre les deux groupes une fois la correction de Bonferroni effectuée. Cette variabilité a été évaluée en sous-groupe et deux critères communs ont été noté : les patients traités par les ostéopathes expérimentés semblaient présenter des résultats plus importants et les patients avec un niveau de stress<30 également. Les patients avec un niveau de stress bas étant statistiquement davantage traités par des ostéopathes expérimentés l’étude s’abstient de conclure dessus. Une hypothèse est émise par les auteurs : un niveau de stress plus élevé ne saurait être compensé par une seule technique, expliquant la similitude entre le sham et le CV4.

Conclusion : L’étude est en défaveur de l’hypothèse concernant un potentiel impact du CV4 sur le débit salivaire et l’activité alpha amylase salivaire sur le court terme mais possibilité de faux négatif à cause de la variabilité du niveau de stress et/ou de l’expérience des praticiens.

 

  1. Hendryx JT, Kannan A, Prashad J, Falk K. Connecting the dots: alterations in bioelectric activity at acupuncture ting (Jing-well) points following CV4 cranialmanipulation. J Osteopath Med. (2022) 123:151–8. doi: 10.1515/jom-2022-0111

Cette étude compare CV4 et sham CV4 sur les conductions électriques sur des points de méridiens d’acupuncture. Analyse intra groupe effectuée mais aucune analyse inter groupe Il y a une différence statistiquement significative entre avant après CV4 mais pas entre avant après placebo. L’absence de comparaison entre les deux groupes peut être vu comme un défaut se méthodologie ou comme une modification des résultats rapporté, faisant baisser la qualité de preuve de l’étude.

Conclusion : En faveur de l’hypothèse de départ mais méthodologie basse car absence de comparaison inter donc possibilité de faux positif.

 

  1. Cerritelli F, Alessio CP, MA SF. Does osteopathic manipulative treatment induceautonomic changes in healthy participants? A thermal imaging study. Front Neurosci. (2020) 14:887. doi: 10.3389/fnins.2020.00887

Cette étude compare des techniques d’équilibration ligamentaire, membranaire et cranio-sacrée à une simple apposition des mains. On retrouve une prise en compte des co-facteurs dans les critères d’exclusion (fumeur, pathologie, consommation de médicaments ou d’alcool). Le même opérateur effectue toutes les techniques.

Les résultats montrent une différence statistiquement significative en faveur de l’hypothèse concernant la température faciale, la variabilité cardiaque (HRV) et la conductivité de la peau.

Conclusion : En faveur de l’hypothèse pour un potentiel impact sur les critères évalués.

 

  1. Effect of manual osteopathic techniques on the autonomic nervous system, respiratory system function and head-cervical-shoulder complex—a systematic review.pdf – Jkub Stepnik et al. (2024)

Revue systématique incluant diverses études avec diverses méthodologies. Analyse en sous-groupes réalisées sur les cervicalgies, la fonction respiratoire et les marqueurs du système nerveux autonome. Les deux premiers analyses un ensemble de technique (hvba, energie musculaire, cranio sacré…) sans faire d’analyse en sous-groupe des différents types de toucher. Toutefois le 3ème groupe inclus plusieurs études qui entrent dans nos critère (étude a à f ci-dessus).

Les auteurs appuient sur le fait que l’évaluation d’une seule techniques (ex : uniquement CV4) est peu judicieux et qu’il faut s’inspirer des modèles d’évaluation de Cerritelli (f) et Ruffini (c) qui évaluent des techniques d’équilibration ligamentaires, membranaire et cranio sacré ensemble.

Les auteurs ont comptabilisé 5 études sur 6 dans le sous groupe SNA comme étant en faveur du groupe OMT, dans l’analyse ci-dessous j’en intègre seulement 4/6 favorables et 2/6 non favorables. L’étude Abenavoli et al. (d) ne pouvant, à mon sens, pas être considéré positive en raison des résultats post correction de bonferroni.

Deuc revues systématiques sont également incluses, l’une avec des résultats trop hétérogènes (Roura et al. 2021) pour conclure et l’autre en faveur de l’hypothèse concernant le CV4 (Żurowska et al 2017). Toutefois les études incluses de cette dernière ne comparent pas toujours à un sham light touch rendant ces conclusions non applicable pour nos recherches.

Conclusion : Analyse à travers une revue systématique qui inclue les études précédentes -> conclusion en faveur de l’hypothèse

  1. Charles E Henley et al., Osteopathic manipulative treatment and its relationship to autonomic nervous system activity as demonstrated by heart rate variability: a repeated measures study, Osteopathic Medicine and Primary Care 2008, 2:7 doi:10.1186/1750-4732-2-7

Utilise l’inclinaison de la table pour créer un effet de stimulation sympathique. Le but est d’appliquer une technique myofasciale sur la zone cervicale pour voir si elle peut avoir un effet suffisant pour contrer cet effet avec une balance parasympathique. Pour vérifier l’effet spécifique la technique est comparé à un sham avec une apposition des mains au même endroit.

Les résultats montrent un effet significatif de la technique myofascial comparé au contrôle et au sham.

Conclusion: En faveur de l’hypothèse pour un potentiel effet parasympathique

 

  1. F. Cerritelli Clinical effectiveness of osteopathic treatment in chronic migraine: 3-Armed randomized controlled trial, Complementary Therapies in Medicine (2015) 23, 149—156, http://dx.doi.org/10.1016/j.ctim.2015.01.011

Cette étude évalue MFR, l’équilibration ligamentaire, membraneuse et cranio-sacrée sur les céphalées. Elle compare trois groupes : OMT + médication, sham OMT + médication et médication seule. Correction de Bonferroni appliquée et seuil de significativité conservé. 6 ostéopathes différents.

Conclusion: En faveur de l’hypothèse sur un potentiel effet positif sur l’évolution des migraines.

 

  1. Andrea Manzotti et al.2020, Effects of osteopathic treatment versus static touch on heart rate and oxygen saturation in premature babies: A randomized controlled trial, Complementary Therapies in Clinical Practice 39 (2020) 101116, https://doi.org/10.1016/j.ctcp.2020.101116

Cette étude compare les techniques crâniennes, d’équilibration ligamentaire et membranaire à un light touch sur 100 enfants prématurés. Les résultats montrent un effet global significatif sur la réduction du rythme cardiaque dans les deux groupes. Une analyse en sous-groupe de temps (Test poc hoc Welsh) montre une réduction supplémentaire dans le groupe OMT après la technique  et pas pour le sham. Pour la saturation en oxygène, la même analyse a été effectué et on observe une diminution dans le groupe sham et une augmentation dans le groupe OMT. Significatif entre T2 et T0 mesuré à travers le test Welsh également. Test de bonferroni effectué. Pour la fréquence cardiaque p<0,006, toutefois il me semble que la valeur de significativité pour la SPO2 n’est pas corrigée car p=0,04 et il est tout de même considéré comme positif

Conclusion: L’étude est en faveur de l’hypothèse sur la FC et la SPO2 (critère secondaire et léger doute sur la significativité) avec un effet en différé une fois la technique terminée.

 

  1. Cerritelli, F., Chiacchiaretta, P., Gambi, F. et al. Osteopathy modulates brain–heart interaction in chronic pain patients: an ASL study. Sci Rep 11, 4556 (2021). https://doi.org/10.1038/s41598-021-83893-8

Techniques d’équilibration ligamentaires, équilibration membraneuse et techniques fluidiques vs Sham omt apposition des mains statique ou dynamique. Effet significativement différent sur la perfusion sur les régions du cerveau évaluées, sur la variabilité cardiaque et sur la douleur. Test de Bonferroni effectué et significativité conservée.

Conclusion: L’étude est en faveur de l’hypothèse sur un potentiel effet sur la perfusion cérébrale, la variabilité cardiaque et la douleur.

 

  1. Wahl RA, Aldous MB, Worden KA, Grant KL. Echinacea purpurea and osteopathic manipulative treatment in children with recurrent otitis media: a randomized controlled trial. BMC Complement Altern Med. 2008 Oct 2;8:56. doi: 10.1186/1472-6882-8-56. PMID: 18831749; PMCID: PMC2573879.

Cette étude, portant sur des enfants avec otites moyennes récurrentes, ne montre pas de différence significative entre le sham et l’OMT.

Conclusion : L’étude n’est pas en faveur de l’hypothèse pour les otites moyennes aiguës.

 

  1. Galeazzi Y, Houel N, Gouaux L, Rohan A, Le Heiget H, Jung C, Housset B, Stubbe L. Effect of osteopathic manipulative treatment on pain in palliative care patients: a randomized placebo-controlled clinical trial. Pain Rep. 2025 Feb 5;10(2):e1239. doi: 10.1097/PR9.0000000000001239. PMID: 39917323; PMCID: PMC11801812.

Cette étude a évalué l’impact de techniques tissulaires et cranio-sacré en les comparant à une simple apposition des mains. Le sham est construit de manière à être indifférenciable comme recommandé par Hohenschurz-Schmidt D (2021). Les techniques choisies s’inspirent des approches de Cerritelli, ce qui suit les recommandations de la revue systématique de Stepnik et al. (2024).

Le co-facteurs comme l’environnement de la pièce, la température, les cycles circadiens sont pris en compte, mais pas de différence faite sur les types de cancer. Tous les patients ont reçu une anamnèse et un examen détaillé par le même ostéopathe qui était à ce moment-là aveuglé concernant l’attribution des groupes. Un seul ostéopathe pour la réalisation des techniques.

Les résultats sont significatifs en faveur du groupe OMT (-14% groupe placebo, -43% groupe OMT). Une diminution de 34% de la consommation d’antalgique a été observé dans le groupe OMT alors que la consommation était similaire au début de l’étude.

Conclusion : En faveur de l’hypothèse concernant un potentiel effets sur la douleur et sur la qualité de vie.

 

  1. F. Tomaiuolo, Data-driven analysis of whole-brain intrinsic connectivity in patients with chronic low back pain undergoing osteopathic manipulative treatment, 2024, NeuroImage: Clinical, doi: 10.1016/j.nicl.2024.103659

Évalue l’impact sur le cerveau des techniques ostéopathiques (équilibration ligamentaire, équilibration membranaire, et des techniques fluidiques). L’évaluation s’est faite à travers des IRM fonctionnelle.

Les résultats sont significatifs et en faveur du groupe OMT avec correction de Bonferroni.

Les résultats sont effectués sur des patients chroniques et sont cohérents avec ceux obtenus par la revue de portée de M.Bonnano (2024) qui montrent un impact plus important chez les patients douloureux chroniques. Revue de portée non inclue dans l’analyse car les techniques évaluées ne sont pas limitées à celles semblables à un light touch.

Conclusions : En faveur de l’hypothèse concernant un potentiel effet sur la connectivité cerebrales et notamment dans les zones liées à la douleur et à l’interoception.

15) Dawn Carnes et al. Usual Light Touch Osteopathic Treatment Versus Simple Light Touch Without Intent in the Reduction of Infantile Colic Crying Time: A Randomised Controlled Trial, 2023, DOI: 10.1016/j.ijosm.2024.100710

Evalue toucher ostéo à light touch sur les pleurs des nourissons.

– L’ajout du paradigme ostéopathique n’a pas d’effet dans ce contexte : Le TT n’étant pas supérieur au simple toucher léger, le paradigme ostéopathique n’apporte pas de bénéfice supplémentaire car pourrait ne pas avoir d’effets dans ce contexte.
– Le toucher léger a réduit les symptômes au maximum: Le toucher léger a pu réduire les symptômes liés aux coliques, et un gain supplémentaire était difficilement atteignable. Les pleurs normaux d’un nourrisson de cet âge étant d’environ 2 heures, et les pleurs de coliques étant au-delà de 3 heures, les bébés pleurant 4 heures avant les interventions et étant passés à 2 heures, aucun bénéfice supplémentaire n’aurait pu être observé: le trouble de la colique étant déjà résolu par le toucher léger. Le paradigme ostéo pourrait avoir un effet, mais le light touch étant suffisement efficace cette effet propre pourrait ne pas être observable.

– Les interventions n’ont pas d’effet: Il est possible que les interventions (toucher léger et TT) n’aient pas d’effet dans ce contexte, et que la diminution des pleurs observée soit due à l’évolution naturelle des coliques avec le temps qui diminuent spontanément à partir de 6 semaines. L’observation de la baisse d’une heure le lendemain des séance indique tout de même un effet au moins contextuel des interventions.

Conclusion : Pas en faveur de l’hypothèse dans le cas des prises en charge des pleurs de nourrissons liées aux coliques.

7) Que retenir de l’ensemble de ces résultats ?

  • 10 (+ la méta analyse « a ») études soutiennent l’hypothèse que l’ajout de techniques ostéopathiques « légères » apportent un bénéfice comparativement à une simple apposition des mains. Ces études concernent la variabilité LH/HF, le SNA, la température faciale, la variabilité HRV, la conductivité de la peau, le SNC, les migraines, la FC, la SPO2, la perfusion cérébrale et la douleur, la connectivité cerebrale.
  • 4 études ne soutiennent pas l’hypothèse, concernant le débit salivaire, l’activité alpha amylase salivaire, les données biologiques obtenues par prise de sang, les otites moyennes aiguës et les coliques du nourissons.

 

  • Ces études utilisent des shams adaptés donc des aveuglement efficaces, utilisent la correction de Bonferroni lorsque nécessaire pour s’assurer de la significativité des résultats (sauf doute pour une), utilisent des outils d’évaluation fiables tels que ANOVA ou Welsh pour certaines et prennent en compte pour certaines de co-facteurs ce qui précise les résultats. Il y a évidemment encore des travaux à mené à plus grande échelle, mais le cygne noir semble avoir été observé ici.*

 

Plusieurs études mettent en évidence des effets spécifiques mesurables, sur des facteurs telle que la variabilité cardiaque, la perfusion cérébrale, le rythme cardiaque ou encore la douleur et les voies neurologiques impliquées dans l’interoception. Dans d’autres, pas d’effets observés comme pour les otites moyennes aigues chez l’enfant, les coliques du nourissons, le débit salivaire ou encore des données biologiques via prise de sang. Ces résultats peuvent indiquer une absence d’effet, ou une sélection de critère et ou de groupe mal mené.  Par exemple pour les otites, Chantal Morin1 a identifié un sous-groupe d’enfants présentant des restrictions de l’os temporal comme facteur de risque d’otite. Une évaluation sur cette population précise pourrait donner des résultats différents. Toutefois le toucher utilisé dans cette étude de 2012 n’est pas semblable à un toucher léger il est question de déformabilité des structures dans la zone pariétale. Les résultats auraient pu être non significatifs même avec un sous-groupe en utilisant ce type de techniques.

Par ailleurs, la durée d’effet et le suivi à long terme sont des dimensions à considérer. Il se pourrait que sur des périodes courtes, les différences soient ténues, mais qu’à plus long terme, répéter de vraies corrections ostéopathiques améliore la stabilité ou évite des rechutes comparées à un placebo. Certaines analyses suggèrent par exemple que parmi les patients lombalgiques chroniques, ceux ayant reçu l’OMT rechutent moins ou récupèrent plus vite en cas de récidive que ceux dans le groupe sham. A noter que cette observation a été faite sur une prise en charge ostéopathique globale (donc avec d’autres techniques en plus de celles évaluées). (licciardione 2014)2

L’observation que l’on peut en tirer est donc un effet supérieur de l’ostéopathie sur le critère spécifique et notamment sur le système nerveux autonome et les voies neurologiques en lien avec la douleur et l’interoception. Mais Il faut également tenir compte du fait que le sham n’est jamais totalement neutre, et que, même si bien plus minime, le sham a aussi un impact sur ces mêmes systèmes. La différence clinique ne sera donc observable que si un patient n’est pas suffisamment amélioré par le sham et donc aura encore une marge de progression avec les effets supplémentaires ostéopathique. Par exemple dans l’étude de Carnes c’est une possibilité d’interprétation même si celle retenu par les auteurs est une absence d’effet lié au paradigme ostéopathique mais à autre chose de commun entre le light touch et l’OMT.

Impact pour la pratique ostéopathique :

  1. D’abord, ne pas négliger l’impact du toucher léger et de la relation malgré les effets différents retrouvés : le light touch n’est pas un simple placebo. Le fait de savoir qu’une simple apposition des mains peut déjà avoir des effets significatifs peut-être rassurant pour les jeunes ostéopathes.
  2. Ensuite, les résultats observés montrant un bénéfice encouragent à continuer de pratiquer et de s’inspirer des modèles ostéopathiques. L’idée n’est pas d’invoquer les modèles sous-jacents pour justifier cette pratique mais plutôt de constater que les techniques qui en découlent apportent un bénéfice. Et cela peut servir en tant que cadre d’apprentissage et de perfectionnement technique.

Conclusion :

En réunissant les éléments analysés, on observe un faisceau de preuve de plus en plus important indiquant qu’il y a effectivement une différence d’effet entre un toucher léger sans intention thérapeutiques et un toucher léger ostéopathique.

Toutefois même si ces techniques « fonctionnent », ce n’est pas forcément pour les raisons initialement évoquées par leurs théoriciens. Seule l’efficacité est évaluée et non le modèle explicatif.

 

*Lorsque l’on affirme que tous les cygnes sont blancs, il suffit d’observer un seul cygne noir pour réfuter la théorie. Ici, affirmer que le toucher ostéopathique et le toucher léger occasionne exactement les même effets, il suffit de trouver une seule variable pour laquelle ce n’est pas vrai pour réfuter la théorie. Ici il semble y a voir plusieurs variables.

Bibliographie supplémentaire :

  1. Morin C, Dorion D, Moutquin JM, Levasseur M. Suture restriction of the temporal bone as a risk factor for acute otitis media in children: cohort study. BMC Pediatr. 2012 Nov 20;12:181. doi: 10.1186/1471-2431-12-181. PMID: 23167940; PMCID: PMC3529688.
  2. Licciardone JC, Aryal S. Clinical response and relapse in patients with chronic low back pain following osteopathic manual treatment: results from the OSTEOPATHIC Trial. Man Ther. 2014 Dec;19(6):541-8. doi: 10.1016/j.math.2014.05.012. Epub 2014 Jun 5. PMID: 24965494.